Conseils validés par Antoine Goll
Docteur vétérinaire de la clinique Charenton-le-Pont
De nombreux propriétaires félins ont déjà entendu parler du sida du chat ou FIV, et pour cause ! Cette maladie est l’équivalent du sida humain chez nos petits compagnons félins qui restent porteurs durant toute leur vie. Rassurez-vous, bien qu’avoir un chat positif au FIV demande plusieurs aménagements dans son mode de vie, ces chats peuvent tout de même avoir une belle vie auprès de leur famille. Nos vétérinaires ont donc décidé de vous livrer tout ce qu’il faut savoir sur cette maladie et les soins vétérinaires à prodiguer afin de continuer à passer de bons moments avec votre petit félin.
Qu’est-ce que le sida du chat ?
Le virus du sida du chat se nomme FIV pour Feline Immunodeficiency Virus. C’est donc le virus de l’immunodéficience féline (tout comme le VIH chez l’humain), nommé ainsi en raison de son action destructrice du système immunitaire, le rendant ainsi plus fragile aux agressions extérieures. Ce virus est très contagieux mais rassurez-vous car il ne se transmet pas aux humains.
Les causes du sida du chat
Un chat atteint va transmettre le FIV à un autre chat directement par contact, surtout par morsure, du fait que le virus soit présent dans la salive. C’est pourquoi les chats errants sont plus sujets à l’attraper, principalement à cause des bagarres entre eux, d’autant plus les chats mâles non stérilisés. Rappelons que la castration diminue de presque 80% les bagarres. Il peut également se transmettre lors d’un accouplement. Enfin, il existe un dernier mode de transmission, à savoir d’une mère infectée à ses chatons, soit par léchage soit durant la gestation du chat, bien que ce mode de transmission soit rare. Il est important d’avoir en tête que tous les chats de n’importe quelle race et de n’importe quel âge peuvent être atteints du sida du chat, bien que les chats mâles non castrés soient plus touchés du fait de leur comportement propice aux querelles.
Rassurez-vous, du fait de la conformation de ce virus, ce dernier ne résiste pas bien dans l’environnement, c’est pourquoi une contamination indirecte via des surfaces ou objets n’est pas possible. Un chat d’appartement qui ne croise jamais d’autres congénères a donc très peu de risques d’être atteint du FIV.
Les symptômes du sida du chat
Dès lors que ce virus est présent au sein de l’organisme de l’animal, les signes cliniques ne sont pas visibles tout de suite. Une première phase se déclare dans les premiers mois mais avec des symptômes généraux qui ne sont pas forcément visibles.
Puis, il existe une phase dite de latence au cours de laquelle le chat est dit asymptomatique, c’est-à-dire qu’il ne présente pas de symptômes. Bien qu’il soit infecté, il n’est alors pas possible pour vous de savoir s’il est atteint ou non alors que ce chat peut transmettre le virus aux autres durant cette période. Cette phase de latence peut être longue et même durer jusqu’à plusieurs années.
Ensuite, lors de la phase dite clinique, le FIV va se multiplier dans certaines cellules de l’immunité, notamment les lymphocytes T. En se multipliant de la sorte, le virus va détruire progressivement ces cellules entraînant petit à petit une baisse de l’immunité, on appelle cela une immunodépression. Puisque les lymphocytes T sont normalement responsables de la défense de l’organisme contre les agents étrangers, notamment les agents pathogènes (virus, bactéries, champignons, parasites), un chat atteint va donc avoir du mal à se défendre dès la présence de ces derniers.
Ainsi, des surinfections surviennent souvent dans ces cas-là. De nombreux agents pathogènes qu’un chat adulte en bonne santé rencontre, sont souvent éliminés naturellement par le système immunitaire sans qu’aucun symptôme ne survienne.
Dans le cas d’un chat FIV, l’organisme n’y arrive pas et des signes cliniques très variés orientant vers une infection peuvent alors survenir :
- Gonflement des ganglions ou lymphadénopathie ;
- Signes généraux : abattement, hyperthermie, etc. ;
- Troubles variés : digestifs (perte d’appétit, vomissements, etc.), respiratoires (rhinite, conjonctivite), nerveux (par exemple l’ataxie), cutanés (ulcères de la peau) ou buccaux (stomatite, gingivite chat, ulcères).
- Retard de cicatrisation lors de bagarres. Un chat présentant des abcès à répétition sans amélioration de la plaie doit par exemple être testé.
Dans tous les cas, il est important de comprendre que ces symptômes ne sont pas spécifiques du sida du chat. Ces signes peuvent orienter dans un premier temps vers une infection classique. C’est notamment le caractère récurrent de ces maladies et l’absence de guérison qui peuvent orienter vers une hypothèse de FIV.
Par ailleurs, il est à noter que le sida du chat est un vice rédhibitoire. Cela signifie que si vous avez acheté un chat et qu’une suspicion de FIV est rapidement effectuée par un vétérinaire, vous pouvez, sous certaines conditions, vous retourner contre le vendeur. Si vous comptez acquérir un chat ou un chaton, n’hésitez pas à planifier un rendez-vous vétérinaire dans une de nos cliniques vétérinaires dans les jours suivant votre adoption afin de réaliser un bilan de santé complet et détecter un éventuel vice caché.
Comment diagnostiquer le sida du chat ?
Comme nous vous l’indiquions précédemment, le diagnostic ne se fera pas sur la base des signes cliniques que le chat présente.
Nos vétérinaires pourront effectuer différents tests :
- Test sanguin : Un prélèvement sanguin pourra être effectué sur votre chat afin de détecter la présence d’anticorps contre le virus ou l’ARN viral lui-même
- Dépistage indirect : Votre vétérinaire pourra aussi effectuer le test Elisa, couramment utilisé pour détecter la présence d’anticorps contre le virus FIV dans le sang de votre chat. Rapide, les résultats sont obtenus en quelques secondes. Si le test est positif il sera couplé d’autres examens comme un test sanguin, vu précédemment ou un test PCR.
- Dépistage direct : Nos cliniques étant équipées de laboratoire d’analyse vétérinaire, nos équipes peuvent fournir des résultats rapidement. Il est également possible de détecter le FIV par le biais d’un test PCR.
De manière générale, si vous venez d’adopter un chat dans la rue, votre vétérinaire vous proposera de faire le dépistage lors de la première consultation. Si vous avez la moindre question sur les méthodes de dépistages, n’hésitez pas à nous contacter. Nos équipes sont disponibles pour répondre à toutes vos questions.
Quel est le traitement du sida du chat ?
Bien que certaines maladies virales puissent être évitées au moyen de vaccins dans le cadre de la médecine préventive vétérinaire, ce n’est malheureusement pas le cas pour cette maladie car il n’existe à ce jour pas de vaccin pour prévenir son apparition en France.
De plus, il s’agit d’une maladie pour laquelle il n’existe pas de traitement. Rassurez-vous car des moyens de lutte restent possibles et permettent de limiter les effets de cette maladie, comme l’interféron, mais les résultats sont variables d’un chat à l’autre.
Le principal moyen de favoriser le bien-être du chat et sa santé reste de lui éviter toute infection secondaire et de traiter de manière précoce les éventuelles infections qui pourraient survenir avec des soins vétérinaires adaptés, notamment des antibiotiques et des antiinflammatoires.
À ce jour, le meilleur moyen préventif reste la stérilisation vétérinaire. Pour éviter les comportements de bagarres et in fine une transmission par morsure, la castration des chats mâles reste l’option principale pour les chats qui sortent.
Les soins vétérinaires appropriés seront apportés à chaque affection pour éviter toute infection secondaire.
Notons qu’il est important de garder le chat le plus possible à la maison afin d’éviter la transmission du FIV à d’autres chats. Grâce à ce comportement responsable, les propriétaires participent à l’éradication de la maladie.
Que faut-il mettre en place pour un chat qui a le sida ?
Si votre chat a le sida, nous vous partageons quelques conseils pour le protéger et protéger les félins qui l’entourent :
- Les animaux positifs au FIV doivent être gardés à l’intérieur et éviter d’avoir des contacts avec les autres chats non seulement pour éviter une transmission du FIV aux autres félins mais aussi pour éviter au chat atteint des surinfections.
- L’alimentation de votre chat positif au FIV peut également être adaptée, notamment en choisissant un aliment de très bonne qualité.
- Des mesures d’hygiène sont à adopter au sein de votre foyer pour éviter une transmission de tout agent pathogène qui pourrait être néfaste à sa santé (se laver les mains avant de toucher un chat atteint, nettoyage régulier de son couchage, de ses gamelles et de sa litière, etc.).
- S’assurer que votre chat est à jour sur ses autres vaccins (coryza et typhus)
- Vermifuger et traiter votre chat contre les parasites externes régulièrement
Le système immunitaire de votre félin étant affaibli par le FIV, nous vous conseillons de le protéger de tous potentiels parasites extérieurs, pour sa santé et son bien-être.
Nos vétérinaires sont disponibles pour vous conseiller dans l’aménagement de notre foyer pour favoriser le bien-être de votre chat FIV et ainsi améliorer son espérance de vie, n’hésitez pas à nous contacter pour des conseils personnalisés !
