Comment gérer la solitude et
le changement de rythme à la rentrée ?
Si la rentrée se traduit souvent chez nous par la reprise de nombreuses activités (scolaires, professionnelles et/ou personnelles), il en est généralement tout autre pour nos amis à quatre pattes !
Après avoir passé davantage de temps en compagnie de leur famille, le retour à la vie normale chamboule leurs habitudes !
« Pendant la période de vacances, le propriétaire va même au-delà des besoins de l’animal en termes d’interactions », explique Capucine Gallet, éthologue à l’Unité de Médecine et de l’Élevage du Sport de l’École vétérinaire d’Alfort. « C’est cette grande variation de la quantité d’interactions homme-animal entre les vacances et la rentrée qui nécessite une préparation du chien ou du chat », complète-t-elle.
Nous allons donc aborder quelques points pour que vous puissiez aider votre chien ou votre chat à gérer la solitude et ce changement de rythme !
Les conséquences de la solitude
Un chat ou un chien laissé seul peut adopter deux types de comportement, l’un dit « passif » ou l’autre associé au stress. Dans le cas d’un comportement dit « passif », l’animal ne présente pas de signes de stress prolongé ou d’anxiété et se repose ou dort la plupart du temps. Pour un chien ou un chat présentant un comportement associé à du stress (couramment appelé anxiété de séparation), l’isolement social entraîne peur, anxiété ou encore sensibilité au bruit. Cette anxiété se manifeste alors par des destructions, de l’agitation, des vocalises variables (aboiements, gémissements, plaintes, hurlements chez le chien, miaulements chez le chat), de la malpropreté (urine et/ou selles) alors que l’animal est par ailleurs propre ou encore de l’hypersalivation et des vomissements. Il en va donc du bien-être de votre animal de se pencher sur la gestion de la solitude !

Préparer le changement de rythme avant la reprise
Comme toute rentrée, celle de votre compagnon s’organise ! Avant même d’y arriver, il est intéressant d’habituer votre animal à être à nouveau seul plusieurs heures d’affilée, afin d’atténuer le sentiment d’abandon qui peut le gagner lors de la reprise. Modifier les horaires de balades en promenant votre chien le matin et le soir et moins en journée lui permettra de s’habituer avant la reprise au rythme de l’année qui arrive. Il en va de même au niveau des repas qu’il est préférable de donner en fonction des horaires prévus lorsque vous aurez repris le travail. Ceci permettra à votre compagnon d’être moins bousculé par le changement.
En outre, s’il n’est pas question d’abandonner vos animaux, les habituer à moins d’interactions, surtout s’ils sont très demandeurs en votre présence de caresses et/ou de jeux, les préparera à votre absence future. « Gérer la solitude, c’est apprendre à ne pas être tout le temps collé au maître », énonce Capucine Gallet.
Pour un chien, cela doit être progressif et commence en réalité dès la phase de socialisation (qui s’étend des 3 semaines aux 3 mois du chiot) ayant pour but notamment de lui apprendre à gérer ses émotions. « Ce qu’on apprend au chiot durant cette période est semblable à lui donner un sac à dos contenant tous les outils nécessaires à une bonne gestion des émotions, dont la solitude », ajoute l’éthologue. Mais rien n’est perdu si vous avez « loupé le coche » ! Comment faire alors ? Le sujet est vaste et il n’existe pas de solution miracle (chaque animal étant différent), voici cependant un plan d’action que vous pouvez entreprendre :
- Habituez votre animal de compagnie à ne pas être constamment à votre côté. Pour un chien, il peut s’agir de déplacer le panier à quelques mètres du canapé dans un premier temps.
- Par la suite, on peut aller jusqu’à laisser le chien ou le chat dans une pièce différente de celle où la famille se trouve. L’animal va alors à ce moment apprendre à gérer la frustration de ne pas pouvoir rejoindre l’humain.
- Une fois que les deux précédentes étapes ont été réalisées, vous pouvez vous absenter pour dix minutes, puis vingt, puis trente, etc.
Au moment du départ
Si vous avez un chien, pensez à le sortir avant votre départ ; cela lui permettra de faire ses besoins et de se dépenser physiquement. L’exercice cognitif n’est pour le reste pas à négliger, étant plus énergivore que l’exercice physique ; vous pouvez pour ce faire réaliser une petite séance d’éducation préalablement à votre absence !
Au moment de partir, évitez les manifestations théâtrales, comme lui faire la fête : cela pourrait l’amener à penser que quelque chose de grave se passe, renforçant son angoisse vis-à-vis de votre départ. Partez plutôt sans attirer excessivement l’attention de votre animal. Essayez de rendre votre départ quelque peu positif pour votre compagnon ; par exemple, vous pouvez sortir un objet spécifique à votre départ (comme un os à mastication ou encore un jouet cognitif) qui lui fera associer votre absence à quelque chose qu’il aime, en plus de créer une routine très rassurante pour lui. Veillez à ne pas laisser ce jouet à votre animal à votre retour, afin de ne pas entraîner un phénomène d’habituation qui diminuerait au fur et à mesure son impact positif.
Enrichir l’environnement
L’enrichissement consiste en l’amélioration de la diversité des comportements des animaux et de la qualité de vie par la modification de leur environnement. Enrichir un milieu a pour but de promouvoir un comportement naturel et ainsi d’améliorer le bien-être de l’animal, en réduisant les émotions négatives, notamment la peur, le stress ou encore l’ennui associés à la solitude et au manque de stimuli. Si les jouets évoqués précédemment font partie des enrichissements possibles, il en existe en réalité quantité d’autres, comme ceux alimentaires, visuels, auditifs ou bien olfactifs. Il est à noter que les chiens apprécient particulièrement les jouets manipulables, destructibles facilement et qui font du bruit.
Voici un exemple d’enrichissement fait-maison :
– Prenez un rouleau de papier-toilette et étalez du miel à l’intérieur. Vous pouvez ensuite coller quelques croquettes ou friandises sur le miel ; ceci permettra à votre compagnon d’être stimulé sur les plans olfactif et alimentaire tout en jouant et ayant un objet à détruire (le miel est par ailleurs un aliment regorgeant de bienfaits tant pour le chien que pour le chat).
Petite précision : attention aux jouets de type « cordes » en votre absence ! Des fils peuvent s’en détacher sous l’effet de la mastication, s’enrouler autour de l’intestin et engendrer de graves problèmes de santé. Il est donc conseillé de ne pas laisser votre chien jouer avec ce type de produit sans surveillance.
Par ailleurs, laisser un vêtement portant l’odeur du propriétaire peut apaiser votre animal et même abaisser son niveau de cortisol (« l’hormone du stress »). Fournir un lieu confortable et chaud permet également de diminuer le stress chez un chien ou un chat anxieux lorsqu’il est seul à son domicile. Une étude récente a d’autre part souligné que l’utilisation de livres audio serait plus efficace que la musique classique pour détendre un chien ; ces derniers se rapprochent en effet probablement de l’interaction homme-animal, donnant l’illusion d’une attention humaine pour le chien. Il y a ainsi de nombreuses manières d’enrichir l’environnement de votre animal afin de rendre sa solitude plus facile à vivre !
Au retour du maître
Au retour du travail, il convient également de ne pas surexprimer sa joie et d’éviter les rituels de retrouvailles excessifs, ceux-ci étant associés chez le chien à votre absence et pouvant donc renforcer l’anxiété de séparation. Pour compenser l’absence de la journée, essayez d’allonger les balades du soir avec votre chien, de jouer plus avec lui et de multiplier les caresses.
En outre, il ne sert à rien de disputer l’animal au retour si vous observez des destructions ! Dans le cas du chien, ce qui peut être considéré comme un « regard coupabler par certains propriétaires est en réalité une réaction de peur face à la colère du maître : le chien réagit alors au signal négatif envoyé par son maître, sans faire de lien avec sa « bêtise ».
Un point sur les chats : ne sont-ils pas solitaires ?
Si le chat peut être considéré comme un animal solitaire, à l’inverse du chien, il peut toutefois ressentir la solitude. Tout dépend en réalité de l’individu et des relations habituelles entre l’animal et le maître. Certaines races sont également réputées plus attachées au propriétaire (comme le Siamois, le Maine Coon, le Sphynx ou encore le Somali), tandis que d’autres souffrent généralement moins de son absence (comme le Singapura ou le British Shorthair). Il faut donc prendre en compte le caractère de chaque chat dans la gestion de la solitude.
Conclusion
Le changement de rythme inhérent à la rentrée est souvent associé à une accentuation de la solitude chez l’animal. Il convient donc de préparer la rentrée et d’enrichir l’environnement afin de permettre à son chien ou à son chat de vivre au mieux ces changements.
« Dans le cas de la gestion de la solitude comme dans tout autre problème, la clé est toujours de se demander ce que sont les besoins de son animal, et comment les combler », conclut Capucine Gallet.