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L’insuffisance rénale chez le chat : causes, conseils et traitements

Antoine Goll, vétérinaire sevetys

Conseils validés par Antoine Goll

Docteur vétérinaire de la clinique Charenton-le-Pont

L’insuffisance rénale, notamment chronique, fait partie des maladies courantes chez le vieux chat mais elle peut également se déclarer chez le jeune chat. En tant que propriétaire de chat, il est donc tout à fait normal que vous vous posiez des questions, notamment afin de savoir comment préserver au mieux l’espérance de vie de votre petit félin. C’est pourquoi, nos vétérinaires vous ont préparé dans cet article tout ce que vous devez savoir sur cette maladie afin de prendre soin de votre compagnon en favorisant son bien-être et sa bonne santé tout au long de sa vie. 

l'insuffisance rénale chez le chat

Qu’est-ce que l’insuffisance rénale chez le chat ? 

L’appareil urinaire se compose de diverses structures parmi lesquelles on retrouve les reins, situés de chaque côté de la colonne vertébrale du chat. Ces derniers possèdent plusieurs rôles essentiels à la vie de l’animal dont la filtration du sang pour éliminer les déchets, la concentration de l’urine pour économiser de l’eau lorsque le chat a besoin de s’hydrater, régulation de la pression artérielle en ajustant le volume sanguin. Ainsi, tous les déchets et les toxines de l’organisme sont filtrés par le rein qui va les transformer en urine. Une insuffisance rénale signifie que ces derniers ne fonctionnent pas correctement provoquant ainsi une diminution du débit de filtration. Ils ne sont ainsi plus en capacité d’assurer leurs fonctions et ne vont donc plus filtrer le sang convenablement, ce qui peut avoir des conséquences plus ou moins graves chez votre chat. 

Précisons qu’il est recommandé d’effectuer un bilan sanguin « sénior » dès que votre chat a 8 ans afin de détecter de manière précoce une maladie rénale chronique et mettre en place un traitement le plus tôt possible afin de limiter son évolution.

Par ailleurs, il est important de comprendre que l’on distingue 2 types d’insuffisances rénales, à savoir les suivantes.

L’insuffisance rénale aiguë (IRA)

Ce type d’insuffisance apparaît de manière brutale et est généralement réversible. Une insuffisance rénale aiguë se met en place en quelques heures, voire quelques jours et nécessite des soins vétérinaires d’urgence car elle peut être rapidement très grave.

L’insuffisance rénale chronique (IRC)

Appelée aussi maladie rénale chronique (MRC), l’insuffisance rénale chronique est progressive, contrairement à l’insuffisance rénale aiguë. Classiquement, on la retrouve chez un bon nombre de chats âgés. 

Quels sont les symptômes d’une insuffisance rénale chez le chat ?

Les symptômes de cette maladie sont assez nombreux et peu caractéristiques. Le chat est abattu, léthargique, il n’a plus d’appétit et perd du poids. Il peut souffrir de troubles digestifs tels que des vomissements et de la diarrhée. L’animal peut aussi avoir des difficultés à uriner ou uriner très peu voire plus du tout. Ces symptômes sont assez inquiétants, votre chat doit alors être examiné par un vétérinaire. Ce dernier fera plusieurs examens afin de diagnostiquer ou non une insuffisance rénale. Notons également qu’un chat atteint d’une insuffisance rénale aura tendance à boire beaucoup, plus que d’habitude.

Si vous constatez un changement de comportement de votre chat et s’il présente ces symptômes, il est important de consulter rapidement votre vétérinaire. Les propriétaires de chat se présentent toujours en rapportant une augmentation de la prise de boisson, un chat qui boit peu est un chat en bonne santé.

Causes de l’insuffisance rénale chez le chat 

Afin que vous puissiez appréhender au mieux cette maladie, si votre chat en est atteint, intéressons-nous premièrement aux causes des IRA. Comme nous l’avons vu précédemment, elles sont d’apparition brutale et les causes peuvent être multiples parmi lesquelles nous pouvons citer 3 catégories.

L’IRA pré-rénale

Cette affectionconcerne toute anomalie en amont des reins comme une hémorragie suite à un accident, une déshydratation ou encore une atteinte cardiaque ; 

L’IRA rénale

Elle peut être causée par de multiples agents pouvant léser les reins comme des virus responsables de maladies comme la péritonite infectieuse féline (ou PIF) mais aussi des toxiques (comme l’éthylène glycol contenu dans l’antigel, le raisin, l’oignon, certaines plantes comme le lys particulièrement toxique chez le chat, une morsure de vipère, etc.) ou encore des médicaments comme le paracétamol.

L’IRA post-rénale

Cette maladie peut être consécutive à tout obstacle à l’écoulement des urines en aval des reins comme la présence de calculs urinaires, une rupture des voies urinaires à la suite d’un accident ou encore la présence d’une tumeur. 

L’IRC

Les cause d’une insuffisance rénale chronique sont multiples. Citons dans un premier temps une malformation congénitale. En effet, nombreuses sont les races de chats prédisposées à une maladie appelée la polykystose rénale, comme le Maine Coon, le Ragdoll, le Persan ou encore le Sacré de Birmanie. Par ailleurs, d’autres origines, comme une maladie évolutive, peuvent engendrer une IRC. Néanmoins, sachez que la cause la plus fréquente d’une maladie rénale chronique est liée à l’âge avancé de votre chat. 

Comment diagnostiquer une insuffisance rénale ?

Certains symptômes chez votre chat vous font penser à une insuffisance rénale ? Il est important de consulter votre vétérinaire afin qu’il puisse faire quelques examens pour découvrir la source et le niveau de l’insuffisance rénale, sachant qu’il existe 4 grades d’insuffisance rénale, le stade 4 étant le stade le plus avancé, donc le plus grave (classification IRIS, International RenaI Interest Society).  

Pour diagnostiquer une insuffisance rénale chez votre chat, plusieurs examens sont donc à réaliser. Dans un premier temps, un examen clinique de votre compagnon est effectué, notamment la palpation des reins.

Puis, plusieurs examens complémentaires sont proposés selon les symptômes que votre animal présente et les résultats de l’examen clinique.

Une prise de sang est très souvent effectuée dans le but de connaître le taux sanguin de plusieurs molécules, notamment la créatinine, l’urée et un acide aminé, la SDMA (Symmetric DiMethyl Arginine). Ces molécules sont des déchets normalement éliminés par les reins dans les urines. L’augmentation de leur taux, proportionnelle selon la gravité de l’atteinte, confirme un problème au niveau rénal. Le taux sanguin de certains éléments peut également être analysé suite à une prise de sang, notamment le taux de potassium chez le chat.  

Sachez que nos cliniques vétérinaires sont équipées d’un laboratoire d’analyses vétérinaires,  permettant ainsi des analyses rapides et sur place pour assurer une prise en charge optimale de votre compagnon.

Par ailleurs, les autres examens complémentaires qu’il est possible de réaliser en cas d’insuffisance rénale sont les suivants : 

Comment soigne-t-on l’insuffisance rénale chez le chat ?

Il est important de savoir qu’un chat ne guérit pas d’une insuffisance rénale mais les traitements médicamenteux et l’alimentation thérapeutique permettent d’améliorer sa qualité de vie et de gagner quelques années.

Le traitement à mettre en place en cas d’IRA ou d’IRC est dit étiologique, c’est-à-dire qu’il dépend de la cause de cette affection. Dans plusieurs cas, une IRA est une urgence vétérinaire et une prise en charge rapide est nécessaire pour réhydrater le chat atteint par l’intermédiaire d’une fluidothérapie, c’est-à-dire une mise sous perfusion. Une chirurgie peut être envisagée dans le cas où elle est nécessaire comme un traumatisme ou une tumeur. Le traitement médicamenteux va une fois encore dépendre de la cause de cette insuffisance. Dans le cas d’une intoxication à l’éthylène glycol, un antidote peut être administré si le chat est pris en charge à temps. Néanmoins, la prise en charge est différente en cas de MRC puisqu’après avoir posé un diagnostic, un stade de 1 à 4 sera attribué à votre chat selon les résultats obtenus suite aux examens. L’objectif du traitement qui sera mis en place est de freiner la progression de la maladie puisqu’une IRC est malheureusement irréversible. Dès lors, la prise en charge sera globale et l’alimentation de votre petit compagnon devra être adaptée à sa maladie. De plus, des consultations de suivi régulières seront de mise pour surveiller l’évolution de la maladie et agir à temps pour préserver la bonne santé de votre chat. Chaque prise en charge est ainsi personnalisée en cas de MRC chez un chat et soyez certains que nos vétérinaires mettront tout en place pour favoriser le bien-être de votre petit félin et pour vous accompagner à chaque étape de cette maladie. 

Les traitements seront différents en fonction du grade de la maladie allant de 1 à 4, 4 étant un grade avancé. Un dépistage précoce de l’insuffisance rénale permet de traiter cette maladie dès les premiers symptômes. Un chat insuffisant rénal aura un traitement toute sa vie ainsi que des suivis réguliers chez son vétérinaire, le but étant de suivre de près cette affection afin d’ajuster le traitement.

Nous savons qu’il peut être stressant d’apprendre que son compagnon est souffrant. Sachez que le bien-être de votre animal est la priorité des équipes en clinique. N’hésitez pas à leur poser des questions et à leur demander conseil afin d’améliorer la qualité de vie de votre petit félin. Suivi régulier en clinique vétérinaire et traitements sont les maîtres-mots pour améliorer la qualité de vie de votre compagnon.

Questions fréquentes

Comment savoir si mon chat souffre d’une insuffisance rénale ?
Les symptômes d’une insuffisance rénale sont nombreux et varient d’un chat à l’autre. Dans le cas d’une IRA, votre chat peut présenter les signes cliniques suivants : vomissements, diarrhée, perte d’appétit, léthargie, déshydratation, mais aussi une oligurie (baisse de la production d’urine) voire une anurie, c’est-à-dire que votre chat n’urine plus du tout. En cas d’IRC, les signes cliniques se manifestent malheureusement tardivement lorsque la MRC est à un stade déjà assez avancé. C’est pourquoi, bien que certains signes d’appel, comme une polyuro-polydipsie (PUPD), c’est-à-dire une augmentation de la production d’urine accompagnée d’une augmentation de la soif, ou encore une perte de poids, puissent être constatés, il est recommandé d’effectuer un bilan sanguin dans le cadre du suivi de santé du chat sénior et ce dès 8 ans d’âge afin de détecter de manière précoce une MRC et mettre en place un traitement le plus tôt possible dans le but de limiter son évolution. Sachez que le SDMA dans le bilan sénior est un précurseur de destruction rénale. Il peut être augmenté alors que les autres paramètres ne le sont pas et que le chat ne présente aucun symptôme. Cet examen sanguin est donc très utile pour diagnostiquer une insuffisance rénale.
Quel est le traitement d’une insuffisance rénale chez le chat ?
Un chat ne guérit pas d’une insuffisance rénale mais les traitements médicamenteux et l’alimentation thérapeutique améliorent sa qualité de vie et lui permettent de gagner quelques années. Les traitements sont différents selon le grade de la maladie (entre 1 et 4). Un dépistage précoce de l’insuffisance rénale permet donc de prendre en charge le chat dès l’apparition des premiers symptômes. Le premier traitement pour une insuffisance rénale est la mise en place d’une nourriture adaptée, nourriture dite « rénale ». Par la suite les analyses d’urine, de sang et une mesure de la pression artérielle donneront une indication sur l’évolution de la maladie afin de savoir s’il faut ajouter un traitement. Sachez qu’un chat souffrant d’insuffisance rénale chronique ne guérit pas. L’objectif, à travers les traitements, est d’améliorer son confort de vie.
Que doit manger un chat insuffisant rénal ?
L’alimentation thérapeutique rénale a pour objectif de diminuer les déchets toxiques que le rein ne peut plus gérer et permet de soutenir sa structure. Cette alimentation doit répondre à plusieurs objectifs : l’apport en eau doit être plus élevé, on conseille souvent un aliment humide (pâtée, sachet fraîcheur), un apport en phosphore en quantité modérée pour prévenir ou ralentir la fibrose du rein, des protéines de bonne qualité et très digestibles. Bien sûr, l’aliment rénal garde les apports indispensables en acides aminés essentiels, en acides gras polyinsaturés (oméga 3), en calcium, en potassium et en vitamines. Bien que les excès de sodium soient déconseillés afin de ne pas aggraver une potentielle hypertension artérielle, le sodium reste nécessaire, tout comme le phosphore mais en quantité réduite car il est nocif pour les reins. Tous ces apports sont calculés dans l’alimentation thérapeutique rénale afin de soutenir la fonction rénale sans fragiliser les autres organes de votre chat.